Sur la façade atlantique de la péninsule, la culture celte se fait plus discrète, et la population autochtone préserve sa culture originale, y compris après l'invasion punique (IIIème siècle av JC). Elle tendra plus tard au syncrétisme avec la culture romaine (IIème siècle av JC). La dénomination 'Lusitain' regroupe tout un ensemble de peuples autochtones généralement préservés de l'invasion celte (VIème siècle av JC) et qui se situent sur toute la façade atlantique de la péninsule, avec une forte concentration dans les vallées du Douro, du Sado et du Tage. Au nord, ils sont délimités par le territoire Gallaeci, peuple dont la culture et l'histoire ont aussi conservé une grande autonomie à l'époque même des grands empires (carthaginois, romains, wisigoths...). En tant que celtes, ils sont cependant distincts des Lusitains qui se trouvent ainsi occuper le territoire actuel du Portugal, débordant un peu sur l'Espagne (Salamanca, Zamora, Tolède...). Ces derniers étant identifiés par une même langue, les mêmes formes d'organisations sociales, et éventuellement une religion commune.
Les Lusitains entrent dans
l'Histoire romaine durant la seconde guerre punique comme alliés des
carthaginois (cf la page sur La
période antique.). Ils nous sont connus grâce à plusieurs
auteurs grecs ou romains :
Polybe (203-120) décrit le climat et les
terres des lusitains, leur économie, et énumère leurs principales
productions comme le blé, l’orge, le vin et le bétail.
Diodore de Sicile (Ier siècle av JC) fait
une distinction entre les lusitains des montagnes, vivant dans des endroits
difficile d’accès, et les lusitains du littoral qui vivent dans
des cités plus urbanisées. Il nous fournit aussi la première
biographie de Viriato,
le chef des lusitains en guerre contre l’invasion romaine.
Strabon (63-22) nous fournit de précieux
renseignement sur la localisation géographique des différents
peuples lusitains et rappelle que les la tribu dominante des Lusitains fut la
plus puissante et celle qui résista le mieux aux envahisseurs romains.
Tite-Live tente d’expliquer la participation
des peuples ibériques à la seconde guerre punique et se réfère
aussi aux Lusitains.
Pline l’Ancien (23-79) présente les
frontières des Lusitains dans le tome IV de son histoire naturelle.
Pomponius Mela (Ier siècle ap JC) décrit
les cités et les fleuves des terres lusitaines dans De Situ Orbis.
Cl. Ptolémée (IIè siècle
ap JC) précise l’étendue géographique du territoire
des Lusitains entre le Tage et le Douro et mentionne quelques villes.
* Bracari - Important peuple établi entre les fleuves Tâmega et Cávado, autour de l'actuelle ville de Braga : ils avaient pour voisins les Callaeci au nord et à l'est, et les lusitains au sud. Non loin de leur capitale Braga (la Bracara Augusta des Romains), se trouvait le castro solidement fortifié (muraille de 5m. de hauteur) de Sabroso dominant la vallée du rio Ave et qui fut en activité du V au IIème siècle av JC. [Pline, Histoire naturelle, III-4, 14 & Ptolémée, Géographie, II-6]
* Callaeci - Puissant peuple établi au Nord du rio Douro (Nord du Portugal et Galice) qui aurait donné son nom à l'actuelle province espagnole. Parmi ses villes on compte Arcobriga (El Ferrol, Galice), Caladunon, Calubriga (Saint-Jacques de Compostelle). La Citânia de Briteiros (commune de Salvador, Braga, Portugal) était vraisemblablement peuplé par les callaeci : situé à trois kilomètres de Sabroso, la place forte des bracari, elle devait jouer un rôle défensif sur leur frontière méridionale. La Citânia était puissamment fortifiée et habitée par une importante population. Sa construction se situe vers 500 av JC et il dépendait de l'oppidum de la Citânia de Sanfins, situé à 25km (commune de Sanfins de Ferreira, Portugal), densément peuplé, qui était le principal centre celtique du nord du Portugal. Le castro de Coto da Peña (commune de Caminha, Viana do Castello, Portugal) se trouve sur une hauteur stratégique dominant et contrôlant l'embouchure du fleuve Minho qui sert aujourd'hui de frontière entre l'Espagne et le Portugal. Ce site aurait été fondé vers 900 av JC et restera en activité jusqu'au IIème siècle av JC. Le célèbre castro de Santa Tecla (Galice) est situé sur un promontoire dominant l'embouchure du rio Minho. Enfin Bragança (Portugal) aurait aussi été fondée par les callaeci. [Ptolémée, Géographie, II-6 & Strabon, Géographie, III]
* Celtici - Celtes vivant au le sud du Portugal dans le territoire que l'on nommait jadis le Cuneus Ager, situé entre le "Promontoire Sacré" (Cap Saint-Vincent) et le cours de la rivière Anas (actuel Guadiana). Au nord, leur territoire s'arrête au rio Mira. C'est à eux qu'Hérodote fait allusion lorsqu'il parle de celtes vivants au nord des colonnes d'Hercule. Strabon précise qu'ils sont apparentés aux autres Celtici vivant au nord du Portugal. Leur capitale était Conistorgis située entre le Cap Saint-Vincent et l'embouchure du Guadiana (Algarve, Portugal) [Strabon, Géographie, III-2 à 5 & Hérodote, Histoires, II-33, IV-49]
* Coelerni - ancienne tribu celte vivant dans les montagnes entre les rivières Tua et Sabor, dans le Tràs-os-Montes portugais. En réalité, il est probable qu'ils vivaient plus au Nord en Galice. Ils sont évoqués notamment par Pline et Ptolémée. Ils figurent aussi sur la liste des dix cités dépendantes de Bracara Augusta (Braga) inscrites sur la colonne du pont romain de l'antique Aquae Flavia (Chaves), où ces dix peuples rendent hommage à l'Empereur Vespasien. Leur principale cité fut Coeliobriga, aujourd'hui Castromao (Celanova, Ourense, Galicia, España). Celle-ci aurait été fondée au VIème siècle av JC pour se maintenir jusqu'au IIIème siècle ap JC. Ce qui lui ferait pas moins de 900 ans d'histoire ! Elle est située à une altitude de 732 mètres et sa muraille protègait une superficie de 20 000m².
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Un pacte
d'amitié entre le peuple des Coelerni et le peuple romain fut établi
en 132 av JC comme le mentionne une Tessera Hospitalis (tablette
d'hospitalité) retrouvée à Castromao en 1979 sur
laquelle on peut lire : "G(neo) IVLIO. SERVIO. AUGURINO. G(eneo)
TREBIO. SERGIANO. CO(n)S(ulibus). COELERNI. EX-HISPANIA. CITERIORE. CONVENTUS.
BRACARI. CVM. G ( neo). AN TONIO. AQUILO. NOVAUGUSTANO. PRAEF(ecto). COH(ortis).
I. CELTIBERORUM. LIBERIS. POSTERISQUE. EIVS. HOS PITIUM. FECERUNT. G(neus).
ANTONIVS. AQVILVS. CUM. COELERNIS. LIBERIS.
POSTERISQUE. EORUM. HOSPITIUM. FECIT. LEGATUS. EGIT P(ublius). CAMPANIVS.
GEMINVS." Qui fait acte d'un pacte d'amitiée entre le
prefet de la Cohors I Celtibero, ses enfants et descendant, et
les Coelerni, habitant du Castro. Signifiant clairement une nette romanisation
du nord-ouest péninsulaire à partir du IIème siècle
av JC. |
* Coerenses
* Conii - vivants au sud du Tage entre les Lusitains et les Celtici [Polybe, Histoire, X-7]
* Elbocori
* Equaesi - établis dans la région la plus montagneuse du Portugal
* Grovii - tribu pré-celte vivant dans la vallée du Minho. Leur capitale correspondrait à l'actuelle Tui (Espagne).
* Igaeditani
* Interamici - établis dans le Trás-os-Montes à l'Est de Chaves, et à la frontière avec l'actuelle Galice.
* Kynetes - ou Cynètes, peuple celte établi entre le rio Sado, au Portugal et le rio Odiel, en Andalousie. [Hérodote, Histoires, II-33 & IV-49]
* Lancienses Transcudani et Lancienses oppidani
* Leuni - établis entre les fleuves Lima et Minho
* Luanqui - établis entre les rio Tâmega et Tua
* Lusitani - la plus nombreuse des tribus, dominant la région et que l'on appelle lusitaniens pour distinguer cette entité de l'ensemble des peuples peu celtisés de la façade atlantique de la péninsule (Lusitains). Ils étaient installés entre le Douro et le Tage, et leur capitale fut alternativement Ketovion (sous Viriatos) et Conimbriga. Le nom latinisé de Portus Gallorum (port gaulois) correspond à l'actuelle ville de Porto. Conimbriga était situé en plein milieu du territoire lusitanien et en fut la capitale pendant un temps. De même que Ketovion qui possédait des ateliers monétaires très actifs. Les lusitaniens causèrent de grave problème dans toute la péninsule face à l'impérialisme romain (voir : Portugal antique). Ils utilisaient le fameux falcata (épée courte et recourbée) et le soliferra (javelot) des celtibères. [Ptolémée, Géographie, II-6, 57 & Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, XXXIII-1, fragments 34&36 & Tite-Live, Epitome, 61, Periochae, 52 & Strabon, Géographie, III-4 & Dion Cassius, Histoire romaine, XXII-73]
* Limici - établis près du fleuve Lima, sur la frontière entre le Portugal et la Galice
* Narbasi
- vivant dans le Nord de l'actuel Portugal et en Galice. Diderot en fait une
entrée dans son Encyclopédie et rappelle que Ptolémée
leur attribue une cité nommée Forum Narbasorum.
L'Encyclopédie
de Diderot et D'Alembert en ligne
* Nemetati - vivant au Nord du Douro et dans la région de Mondim. Ils occupaient probablement un village fortifié du nom de Nemetóbriga.
* Paesuri - tribu soumise aux Lusitaniens, établis entre les fleuves Douro et Vouga. F. Russel Cortez émet l'hypothèse que, comme les Conii, il s'agirait d'un "peuple pré-celte appartenant au substrat méditerranéen de l'âge de bronze. Selon lui, il s'exprimaient dans une langue méditeranéenne. Mais l'absence de témoignage écrit ou autre laisse cela dans le domaine de l'hypothèse.
* Quaquerni - établis dans les montagnes à la confluence du Cavado et du Tâmega.
* Seurbi - établis entre les rivières Cávado et Lima
* Tamagani - Dans la région de Chaves, près de la rivière Tâmega. Ce peuple figure parmi les dix mentionnés sur la colonne du pont romain de Chaves.
* Tapoli -une autre tribu dépendante des Lusitains, vivant au Nord du Tage près de l'actuelle frontière espagnole
* Turduli -A l'est de l'Alentejo (Vallée du Guadiana)
* Turduli Veteres - Les "anciens Turduli" vivant au Sud de l'embouchure du Douro
Table d'hospitalité de Pedroso Q(uinto) SVLPICIO CAMERINO C(aio) POPPAEO / SABINO CONSVLIBVS D(ecimus) IVLIVS M(arci) F(ilius) GAL(eria tribu) CILO HOSPITIVM FECIT CVM LVGARIO SEPTANII F(ilio) EX TVRDVLEIS VETERIBVS EVMQVE ET LEIBEROS POSTEROS QVE EIVS IN FIDEM CLIENTELAMQVE SVAM RECEPIT LEIBERORVM POSTERORVM QVE SVORVM EGIT LVGARIVS SEPTANII Sous les consulats de Q. Sulpicius Camerinus et de C. Poppaeus Sabinus, D. Iulius Cilo, fils de Marcus, inscrit dans la tribu Galeria, a fait un pacte d'hospitalité avec Lugarius, fils de Septanius du peuple des Turduli Veteres et l'a reçu dans sa foi et sa clientèle, lui, ses enfants et ses descendants et dans celles de ses enfants et de ses descendants. A instrumenté Lugarius, fils de Septanius. Les auteurs antiques (Mela, Pline l'ancien, Ptolémée...) nous ont transmi le nom des Turduli Veteres. Mais, ici, il s'agit d'une mention épigraphique directe qui vient confirmer le peuplement vers l'embouchure du Douro. |
* Turdulorum Oppida - Turduli vivant en Estremadura
* Turodi - établis dans le Trás-os-Montes près de la frontière Galicienne
* Vettones - Puissant peuple établi dans les provinces espagnoles de Salamanca, Zamora, Toledo et Cáceres;
* Zoelae
- établis dans les montagnes de la Serra da Nogueira, Sanabria et Culebra,
jusqu'aux montagnes du Mogadouro dans le nord du Portugal.
Tablette
d'hospitalité
confirmant l'amitié
entre les romains
et les zoelas,
Staatliche Museen,
Berlin.
Ils vivaient dans des maisons de pierres couvertes de colmo. Dans les castros ou citânia, ou petites villes entourées de murailles et édifiée sur des lieux difficiles d'accès. Ils mangeaint une fois par jour.
Source : description de la vie des Lusitains par Strabon
Une écriture proprement ibérique :
L'un des nombreux et importants indices d'une présence de peuples de la méditerranée orientale dans la péninsule ibérique est l'apparition de l'écriture dans le sud. Il existe deux styles d'alphabet ibériques : l'alphabet méridional qui comprend l'alphabet turdétan (vallée du Guadalquivir), et l'alphabet du Sud-Ouest (Algarve), et le second style, sensiblement différent, étant l'alphabet septentrional. Le premier style étant le plus ancien. L'aphabet ibérique comprend des consonnes et des voyelles qui forment un total de 25 lettres.
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L'écriture ibérique du Sud-Ouest de la péninsule
Ci-contre : Variantes paléographiques des signes du Sud-Ouest et leurs valeurs phonétiques respectives (avec un degré de certitude variable).
Cette écriture est utilisée du VIIè au Vè siècle av JC. Son aire de diffusion se situe dans une zone marginale du monde tartéssien qui joue certainement un rôle déterminant dans l'apparition de l'écriture. La plupart des inscriptions connues proviennent de nécropoles. On suppose donc qu'il s'agit d'une écriture à usage funéraire, presque exclusivement. Ce qui contribua certainement à lui préserver un caractère mystérieux et sacré. Ces inscriptions semblent avoir servi à marquer le prestige de certains chefs.
Entre le Vè et le IVè siècle av JC, il semble qu'il se soit produit un profond changement dans le rituel funéraire. Il est possible que ce changement, conjugué à une progressive urbanisation, soit à l'origine de l'abandon progressif de cette écriture... |
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Monnaie avec inscription
en alphabet ibérique du Sud-Ouest, probablement frappée
à Keition (Sud du Portugal). On l'attribue au peuple Turdétan.
Découverte à Alcacer do Sal (Portugal) |
Le paganisme lusitain s'exprimait dans le culte de différentes divinités, propre à la péninsule, voire à la façade atlantique de la péninsule. Ce culte apparait cependant très peu présent sur la côte Sud/Sud-Est de l'Espagne, là où la population était en fait en contact avec le monde méditerranéen. Les peuplades indigènes vénéraient leurs divinités non dans des temples mais dans des fleuves, à des sources, ou dans des bosquets. L'absence de temples ou de représentations des divinités à pu faire dire à Strabon qu'ils étaient athées ! Cet athéisme résulte manifestement de l'incompréhension du caractère spécifique de la religion ibérique pré-romaine. Les seuls sanctuaires pré-romains aujourd'hui identifiés comme tels archéologiquement sont ceux de Mirobriga et de Garvão. Les centres urbains, tels que Bracara Augusta (Braga) où l'on dénombre pas moins de 6 divinités vénérées, connaissent aussi une certaine activité religieuse, y compris et surtout à l'époque romaine. Ces cultes sont très présents au Nord du Portugal et en Galice où l'on dénombre pas moins de 35 divinités (Tranoy, 1981). Entre le Douro et le Tage, on en compte 55 ; Au sud du Tage, 87. Endovellicus est le Dieu qui possède le plus grand nombre d'inscriptions votives (n=84). Mais les cultes de Nabia et Banda sont les plus largement répandus du Tage à la Galice. On peut classer ces divinités en trois type selon l'extension de leur culte : 1. divinités révérées sur une grande partie de la péninsule (Nabia, Banda, Endovellicus...) 2. divinités circoncises à une région (Runesosecius, Quangeius,...). 3. Divinités propres à un groupe ethnique, à une tribu (Aernus, Calaicia,...).
Arentius/Arentia : Divinité limitée géographiquement à l'Est du Portugal (Beira interior)
Stèle consacrée
à Arentius
(Ier siècle ap JC /
Chão do Touro,
Idanha-a-nova,
Castelo Branco)
Ara consagrada
a Arentius
Atégina :
"Ô déesse Ataecina
Turibrigense Proserpina ! Par ta majesté j'implore, je te supplie et
te demande d'être ma vengeresse"
traduction du début d'une inscription retrouvée
à Mérida.
Le culte de la déesse
mère Atégina avait une grande notoriété principalement
dans la vallée du Guadiana en Espagne, et plus largement en Lusitanie
et Bétique. Avec probablement son centre cultuel principal à Turòbriga
(site non identifié). "Em quase
todas as inscrições consagradas a Ataegina a deusa recebe o epiteto
geogràfico de Turobrigensis, Turubrigensis, ou Turibrigensis,
o que mostra que a sede primitia do seu culto foi em Turobriga, onde ela tinha
certamente um santuario notavel."
(José Leite de Vasconcellos). Son culte est attesté à Beja,
Serpa et Mertola. Peut-être existait-il aussi des sanctuaires dédiés
à cette déesse à Elvas au Portugal, et Mérida et
Cáceres en Espagne.
Son nom vient du celte Ate et
Gena évoquant la renaissance. Elle est en fait une divinité
triple : de la nature, de la santé, et de la mort. Elle est immédiatement
identifiée par les romains à Proserpina. Comme la déesse
romaine, elle symbolise la renaissance, la Terre et la végétation
qui renait chaque printemps. De nombreuses mentions la désigne sous le
titre de Ataegina Turibrigensis Proserpina. Elle est aussi parfois
désigné comme la déesse de la Lune, ce qui a conduit certains
à penser qu'elle pouvait être une transposition ibérique
de la divinité phénicienne Astarté, déesse des cieux
et de la Lune. Elle est par ailleurs considérée comme une déesse
de l'enfer, qui disparait sous le monde pour renaître ensuite. Cette divinité
ne semble pourtant pas provenir de la même sphère ethnico-culturelle
que celle de Banda ou Cosus. Son culte fut probablement introduit dans le Sud
portugais par les celtes. Sa présence au Nord du pays doit donc s'expliquer
par une migration interne, peut-être celle attestée par les sources
?
Stèle consacré à Dea Sancta (Ategina) Turubrige(nsis) (I-IIè siècle ap JC / Quintos, Beja, Portugal) Ara consagrada a Ategina
Aernus : le Seigneur des Vents. Il semble avoir été le dieu exclusif du Tràs-os-Montes oriental attaché à la tribu des Zoelae. On en a retrouvé trois inscriptions : deux à Castro de Avelãs, qui fut la capitale des Zoelae, et une à Macedo dos Cavaleiros, qui était probablement à la frontière du territoire de la tribu.
Ares Lusitani : Le Dieu des chevaux. A l'époque romaine, on précise lusitani pour le distinguer des dieux homonymes du panthéon greco-romain. Il est adoré au Nord du Tejo. Tite-Live dit qu'on lui sacrifait boeufs et chevaux de guerres.
Banda : divinité mystérieuse. On ne sait pas s'il s'agit d'une déesse ou d'un dieu ; l'épigraphie utilise systématiquement le masculin alors que l'iconographie nous le présente sous des traits féminins. Dans l'une de ces représentations elle porte une couronne et ses attributs évoquent la fonction de la Fortune. Certains de ses épithètes font de Banda une divinité protectrice de certains villages ou places fortes.
Bormanico :
Dieux
titulaires |
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Monument |
Brigantés : une autre déesse guerrière. Elle résulte d'une influence des peuples du Nord de l'Europe dans la péninsule.
Calaicia : divinité ethnique, limitée à une tribu : celle des Callaeci au Nord du Douro.
Cariocecus : Dieu lusitain de la guerre. Equivalent de Mars. Selon Strabon [Géographie, livre III, 7], les prisonniers de guerre lui sont sacrifiés et les chefs spirituels lisent les présages dans leurs entrailles.
Cosus : Divinité dont le culte est répandu au Centre et au Nord du Portugal.
Duberdicus : Dieu apparemment lié à une rivière.
Endovelicus : Le dieu le mieux connu du panthéon lusitain. Un temple lui était dédié à Outeiro de S. Miguel da Mota, près de Terana dans l'Alentejo. Son nom viendrait du celte andevellicos qui signifie : le dieu très bon. Il est le dieu souterrain et protecteur de la vie après la mort. Endovelicus pourrait être considéré comme le Dieu principal d'une trinité divine le comprenant lui avec Ategina et Runesocecius. On a retrouvé de nombreuses inscriptions à son nom et on l'identifie aussi avec le sigle D.E.S (Deo Endovellico Sacrum). Il fut en partie adopté par les romains, mais son culte resta principalement fort en Lusitanie. Il ne disparu qu'avec l'apparition du christianisme dans la péninsule au Vème siècle ap JC.
Grand piedestal consacré à Endovellico
(Ier siècle ap JC / São Miguel da Mota,
Terena, Evora, Portugal)
Grande pedestal consagrado a Endovellico
Nabia : Déesse liée aux cours d'eau. Son nom semble vouloir signifier 'eau courante' et en a retrouvé l'inscritption proche de certains cours d'eau. Elle fut aussi vénérée à une fontaine de Bracara Augusta (Braga). Il se peut aussi qu'il s'agisse d'une divinité des monts et vallées. L'une de ces inscriptions, retrouvée au Nord du Portugal, dit ceci :
O .V . C. O . ETNIM DANIGOM |
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Qui se traduit ainsi : A l'excellente vierge protectrice et nymphe des Danigos NABIA CORONA une vache un boeuf. A NABIA un agneau. A JUPITER un agneau un veau, etc... On peut ici observer le triple sacrifice dédié à une triade de divinités représentantatives des trois fonctions indo-européennes qui sont la Spiritualité (Sagesse, Magie et Justice), la Guerre, et la Fertilité. Nabia Corona incarne ici la première fonction (bovins sacrifiés, qualificatifs employés, référence à Jupiter,...).
Nabica : Une nymphe des forêts
Quangeius : Divinité géographiquement limitée à l'Est du Portugal (Beira baixa).
Runesocesius : Dieu guerrier de la région d'Evora. Selon Leite de Vasconcelos, le nom viendrait du celte Run évoquant le mystérieux. Cesius proviendrait de la latinisation. Le même auteur affirme que ce dernier mot signifie javelot et qu'il s'agit donc d'une divinité mystérieuse armée d'un javelot. Voici l'unique épitaphe retrouvée à Evora et évoquant cette divinité :
SANCT(O) R
VNESO
CESIO
SACRVM.
G L I C
QUINT
CINU
B A L S
qui se lit ainsi : SANCTO RUNESO CESIO SACRUM Gaius Licinius Quinctcinus Balsensis
Sucellus - emprunté à la mythologie celte, il est le dieu de l'agriculture, des forêts et de l'alcool. Généralement représenté avec un marteau.
Tanira : la déesse des arts.
Tongoenabiagus : Dieu des sources d'eau. A Braga, il existe une fontaine où l'on a retrouvé une inscription mentionnant ce Dieu. Il est aussi considéré comme Dieu fertilisateur.
Trebaruna : Divinité initialement domestique mais qui, par la suite, devint une déesse de la guerre, des batailles et de la mort au combat. Il est aussi possible qu'elle ait eu ces deux fonctions en même temps. On a retrouvé de cette divinité une stèle et plusieurs inscriptions votives, dont une datant du I er siècle av JC, retrouvée dans le Sud-Ouest espagnol.
Il s'agit d'une fosse contenant des milliers de pièces en céramiques, petits bijoux, plaquettes en or et en argent, gravées de représentation d'une divinité, identifiée à la Tanit carthaginoise, ainsi que d'autres objets, composant le dépôt votif d'un grand sanctuaire, constitué dans la seconde moitié du IIIème siècle av JC.
Le lieu semble avoir déjà été un sanctuaire dès l'âge du Bronze Final (céramique). Les fouilles ont aussi exhumés d'abondants objets de l'âge du fer et même de l'époque romaine.
Parmi tous ces objets se trouvent deux plaquettes en argent portant une représentation anthropomorphe féminine, portant des attributs (collier où pend une demi-lune, les pointes tournées vers le bas) permettant de l'identifier à la déesse Tanit.
L'une des déesses de Garvão
On a là un exemple concret du syncrétisme existant à l'époque entre les divinités carthaginoises, lusitaines et même romaines : Astarté, Demeter, Ategina... On y retrouve de nombreux symboles des déesses-mères méditerranéennes. Ce qui témoigne encore de l'importance des activités religieuses dans le siècle qui précède l'arrivée des Romains.
Voir aussi : Vestiges du portugal lusitain