L'EMPIRE WISIGOTH

 

 

LE ROYAUME WISIGOTHIQUE DE TOULOUSE (419-507)

WALLIA, ROI DES WISIGOTHS (415-418), L'INSTALLATION EN AQUITAINE
En passant le Danube et pénétrant dans l'Empire Romain, la société wisigothique s'était transformé d'une société agricole et pastorale en une armée errante au service des empereurs les plus offrants. Après avoir pillé Rome (410), Les Wisigoths obtiennent de l'Empereur Honorius le droit de s'établir dans le Sud-Ouest de la Gaule entre la Loire et les Pyrénées (Foedus de 416?). Officiellement ils étaient au service de l'empereur ; en fait ils étaient les maîtres d'une partie de la Gaule : C'était le premier royaume germanique fondé dans l'empire ! Toulouse devient la capitale de ce royaume. L’occupation ne signifiait pas encore soumission et intégration pour les romains. On assiste à un phénomène de dualité de peuplement. On estime en général que les wisigoths constituaient 2 à 3% de la population romaine d'Aquitaine, c'est-à-dire environ une centaine de milliers d'individus. Ils sont perçus alors comme une simple armée d'occupation, n'étant pas régie par les mêmes lois que les autochtones gallo-romains. Ils ne paient pas d'impôts mais sont soumis aux obligations militaires, ce qu'ils considèrent comme un privilège. Leur religion arienne les différencie encore de la population autochtone. Ces considérations semblent expliquer pourquoi, lorsqu'ils seront chassés de la Gaule par les Francs, rien ne restera, ou peu, de leur civilisation de ce côté-ci des pyrénées.
Wallia est porté au pouvoir en 415. Il renvoit Galla Placidia [Orose, histoire contre les païens, VII, 43, 12], ex-épouse du roi Athaulf (410-415), en Italie en échange de 600 000 boisseaux de blé fournis par l'Empire romain aux Wisigoths. Il est principalement chargé de combattre les barbares qui se sont installés dans la péninsule ibérique (suèves, alains et vandales)[Orose, histoire contre les païens, VII, 43, 13]. En 416, Wallia pénètre en Espagne et bat sévèrement les cavaliers alains qui échappent de peu à l'extermination totale. Les Suèves sont forcés de se replier en Galice tandis que l'une des deux principales tribus vandales (Sillings) est durement atteinte et contrainte de s'allier à la tribu rivale (Asdings).

THEODORIC Ier, ROI DES WISIGOTHS (418-451)

THEODORIC II, ROI DES WISIGOTHS (453-466)
Théodoric II est le fils et successeur du roi Théodoric Ier. Toujours fidèle à la romanité, il lance une offensive contre les Suèves avec l’appui romain. Ils s’emparent de Braga (Portugal), Palencia et Mérida (Emerita Augusta) en Espagne. C’est le premier pas des Wisigoths en Portugal. Cette conquête sera reprise et terminée par son frère et successeur Euric. Il meurt égorgé par ce-dernier, en 466, qui lui reprochait d'être trop romanisé. Ce faisant, par ces conquêtes et ces exploits militaires, les Wisigoths de Toulouse apparaissent aux yeux du monde occidental comme la seule puissance organisée et solide face à la décrépitude du pouvoir impérial romain.

Source : La culture latine de Théodoric II

Le Royaume wisigothique aux environs de l'an 500

EURIC, ROI DES WISIGOTHS (466-484)
Son œuvre pour le royaume wisigothique est grande : il porte les frontières du royaume presque jusqu'à la Loire et soumet la péninsule ibérique en 476. Le Portugal est définitivement intégré dans les possessions territoriales wisigothiques. Son royaume compte environ 10 millions d'habitants sur 750 000 km². À sa mort, les Wisigoths formaient le plus puissant des états succédant à l'Empire romain d'Occident. Il fut considéré comme le véritable arbitre du jeu diplomatique de toute l'Europe occidentale. Sidoine Apollinaire écrit à son sujet : "Ainsi le mars de la Garonne [Euric] protège le Tibre affaibli [Rome]..." (Carmina-Epistulae). Fervent arien, farouchement hostile à l'Église, Euric est souvent en violente opposition avec celle-ci et avec les catholiques qu'il persécute violemment, faisant détruire de nombreuses églises qu'il fait laisser à l'abandon, exilant les représentants de l'Église trop influents et trop hostiles à son autorité. En faisant cela, il sape son autorité aux yeux des populations sur lesquelles il règne. L’opposition entre les ariens et les nicéens (concile de Nicée) sera source de nombreux problèmes politiques de l’Empire Wisigothique.

LE ROYAUME WISIGOTHIQUE DE TOLEDE (554-711)

Suite à l'assaut franc et la défaite de Vouillé (507), le royaume wisigothique se replie derrière les Pyrénées et transfert sa capitale de Toulouse à Narbonne, à Barcelone. Le Roi Athanagild l'installe définitivement à Tolède en 554.

Le royaume wisigothique aux environs de l'an 540.

LEOVIGILD, ROI DES WISIGOTHS (567-586)
Léovigild est un bâtisseur : il réalise une nouvelle image de l’Etat : très centralisé, appuyé sur une église forte. Léovigild s’efforce d’édifier un Etat indépendant :
Il unifie les territoires ; Il tente d’unifier la population (abrogation de la loi justinienne qui interdisait le mariage mixte entre barbare et romains); Il tente aussi l’unification religieuse arienne. Politiquement, Léovigild se détache de l'Empire byzantin en faisant frapper monnaie et en se considérant « empereur en son royaume ». De plus, il est le premier roi wisigoth à rejeter la traditionelle fourrure des guerriers goths contre le manteau de pourpre, digne des empereurs romains ou byzantins, à siéger sur un trône et à s'inspirer du cérémonial byzantin. Enfin il institue la succession monarchique héréditaire et la royauté théocratique empruntée au modèle impérial romain.
L’affaiblissement du royaume est enrayé par la conquête militaire de nombreux royaumes :
- Lutte contre les troupes romaines (byzantins) qui ont débarqué dans le Sud de la péninsule. Ceux-ci s’établissent à la nouvelle Carthagène et fonde la province Spania. Léovigild leur reprendra Malaga (570) et Cordoue (572).
- Lutte contre la Galice.
- Dans le nord-ouest de la péninsule ibérique, il lutte à partir de 575 contre les Suèves redevenus catholiques et plusieurs campagnes sont nécessaires pour les soumettre ; par sa victoire de Braga en 585, il détruit leur royaume de Galice et les reconvertis à l'arianisme.
- Lutte en région Cantabrique contre les Vascons au Nord de la péninsule.
- Lutte contre les Francs au Nord du Royaume (Septimanie).
Mais l’arianisme farouche de Léovigild l’empêche de s’imposer sur toute la péninsule.

RECAREDE, ROI DES WISIGOTHS (586-601)
Récarède, fils et successeur de Léovigild, se convertit alors au catholicisme catholique : c’est un succès politique. Toute la population wisigothique et hispano-romaine est dès lors régie par la même loi (à l’exception des juifs).
Sans renier l'œuvre politique de son prédécesseur, Récarède poursuit l'unification du royaume wisigothique mais non plus en faveur de l'hérésie arienne, mais bien sous l'égide de l'Église catholique. L'administration du pouvoir wisigoth conserve le latin : Les écoles épiscopales sont le lieu de formation du clergé et des officiers royaux.

Sources : Grégoire de Tours : Récarède se convertit au catholicisme

LA CHUTE DE L'EMPIRE

A la fin de son règne, le Royaume Wisigothique s’est imposé sur quasi toute la péninsule (sauf une étroite bande au Nord). Les Byzantins ont été boutés hors de la péninsule et une période de paix relative s’installe. Le royaume frappe sa propre monnaie, le Triens. Les arts s’épanouissent à nouveau dans le domaine des métaux (couronnes votives, croix processionnelles…). Généralement parlant, la civilisation wisigothique a ouvert le royaume aux influences byzantines. Des bijoux et des tissus précieux byzantins sont importés.

Vase (510) et pierre (lapida) contenant des inscriptions wisigothiques.

Au niveau de l'architecture, peu de vestiges de l'art Wisigoth ont survécu et ils révèlent effectivement plus d' influences Byzantines et Nord Africaines que Romaines. L'arc en fer-à-cheval, les fenêtres jumelles arquées séparées par une colonne, et les tunnels en voûtes caractérisèrent les premières églises catholiques. Peu d'églises subsistent de cette période. Les principales sont : au Portugal, igreja São Frutuoso à Braga ; et en Espagne, iglesia San Pedro de la Nave près de Zamora ; iglesia San Juan de Baños (Palencia) ; iglesia Santa Comba de Bande dans la région d'Orense. Certains voient aussi la Basilica São Pedro de Balsemão à Lamego comme un vestige de l'époque wisigothique portugaise. L'Igreja de São Amaro à Beja conserve également quelques éléments wisigothiques.

Igreja São Frutuoso et iglesia Santa Comba de Bande

Iglesia San Pedro de la Nave et iglesia San Juan de Baños

RODERIC, DERNIER ROI DES WISIGOTHS (709-711)
Rodéric est le roi qui connaîtra la fin de l’Empire Wisigothique sous les coups de l’armée musulmane. Il meurt au champ de bataille en 711 dans la province de Cadix (Sud de l’Espagne.)

Liste des rois wisigoths :

Royaume wisigoth de Toulouse :

* 410-415 : Athaulf
* 415-415 : Sigéric
* 415-418 : Wallia
* 418-451 : Théodoric Ier
* 451-453 : Thorismond
* 453-466 : Théodoric II
* 466-484 : Euric
* 484-507 : Alaric II

Royaume wisigoth de Tolède :

* 507-511 : Geisalic (ou Gesalic)
* 511-531 : Amalaric
* 531-548 : Theudis
* 548-549 : Theudégisel (ou Theudigisel)
* 549-554 : Agila Ier
* 554-567 : Athanagild Ier
* 567-567 : Liuva Ier
* 567-586 : Léovigild

* 586-601 : Récarède Ier
* 601-603 : Liuga II
* 603-610 : Wittéric (ou Witteric)
* 610-612 : Gundomar
* 612-621 : Sisebuth
* 621 : Récarède II (ou Recarède II), fils du précédent
* 621-631 : Swinthila
* 631-636 : Sisenand
* 636-639/640 : Chinthila (ou Chintila)
* 639/640-642 : Tulga
* 642-653 : Chindaswinth
* 653-672 : Receswinthe (aussi écrit Recceswinth)
* 672-681 : Wamba
* 681-687 : Flavius Ervigius (Ervige)
* 687-700/701 : Égica (ou Ergica)
* 700/701-709 : Wittiza
* 709-711 : Rodéric

Derniers prétendants au trône après la conquête musulmane :

* 711-712 : Agila II ; appelé Akhila par les Arabo-berbères musulmans; peut-être le fils de Wittiza.
* 712-741 : Théodemir ; prétendant à la couronne wisigothique après l'invasion musulmane (appelé par les musulmans, Tudmir Ben-Godo : "Théodemir fils de Goth").
* 719-726 : Ardo ; il règne en Septimanie et frappe monnaie.
* 741-743 : Athanagild II, dernier prétendant au trône wisigothique ; sa mort marque la fin de tout espoir d'un retour à la monarchie hispano-wisigothique.

 

SOURCES : Jordanès, Histoire des Goths, 551

Grégoire de Tours, Histoire ecclésiastique des Francs, 591

Voir aussi : Vestiges du Portugal wisigothique