Suite à l'a fragilisation de l'Empire Romain, avec les Quades, les Suèves et les Alains, les Vandales franchissent le Rhin en 406 et traversent la Gaule qu’ils dévastent.
LES VANDALES ET LES ALAINS (409-429)
Les Alains venaient de la région caspienne, où leur empire avait été détruit par les Huns en 375 en même temps que l'état gotique d'Ukraine. Ils durent alors suivrent les autres Germains au Nord du Danube et franchir ainsi le Rhin. Les Alains commandés par Goar passent au service de Rome en 407. Mais les Alains de Répendial décident de suivre les Vandales et atteignent l’Ibérie (409) où ils s’établissent comme fédérés. En effet, il semble qu’en 411 l’empereur Honorius ait établi un foedus qui attribue aux Suèves et à une partie des Vandales (Asdings) la Galice, à l'autre partie des Vandales (Silings) la Bétique (Sud de l'Espagne) et aux Alains (alors les plus nombreux) la Lusitanie ainsi que la région de Carthagène [Procope, Guerres de Justiniens III, III, 2]. Etrangeté de l'histoire qui mets aux mains d'une peuplade d'origine iranienne la future capitale portugaise ! Mais les Alains s'avèrent incapables de contrôler l'ancienne Lusitanie. Les Suèves d'abord, étendent leur domination dans leur direction dès 416. Puis, ils sont pourchassés par les Wisigoths à la solde des Romains en 417-418 [Orose, histoire contre les païens, VII, 43, 13] : Une partie choisit alors de suivre les Vandales tandis qu’on retrouve une partie de ceux-ci en Gaule aux côtés des Wisigoths.
Les Vandales Asdings installés
avec les Suèves en Galice, attaquent ceux-ci en 419 mais la mort de leur
Roi Gundéric (« Roi de la Guerre » en gothique)
en 422 met fin à toutes leurs ambitions. Les Vandales Silings réussissent,
eux, à prendre Carthagène (425) aux mains des Alains. Les Vandales
occupent donc toute la région Sud jusqu’en 429. Genséric
(« puissant par la gloire » en gothique) soumet les Alains et prend
alors le titre de ‘Rex Vandalorum et Alanorum’.
Plus tard, lorsque Boniface, commandant en chef des troupes de Lybie
(englobant tout le Nord de l’Afrique de Carthage aux colonnes d’Hercule),
suspecte Galla Placidia et l’empereur Valentinien de
vouloir le destituer, il aurait conclu une alliance avec les Vandales installés
en Espagne [Procope, Guerres de Justinien, III,
III, 14-26]. Sur l’invitation de Boniface lui-même, 80.000
vandales [Procope, Guerres de Justinien &
Victor de Vita, histoire de la persécution vandale en Afrique]
auraient franchit le détroit de Gibraltar en 429, toujours commandés
par le fameux Genséric, pour y fonder leur royaume. Les dissensions entre
Romains et Vandales ne tardent pas et Genséric assiège Hippone
dès 430. Ils n'accèdent à Carthage qu'en 439.
LES INVASIONS SUEVES (419-585)
Les Suèves qui ont suivi la pérégrination des Alains et
des Vandales sous le règne du roi Hermaric s’installent en 408-409
entre le Douro et le Minho, puis constituent un royaume allant du Tage à
la chaîne cantabrique. Hermaric prête serment à l'empereur
romain Honorius et choisit Braga comme capitale. A cette époque, le Nord
du Portugal constitue un pôle religieux important, drainant tous les intellectuels
de la région, de la Galice et au-delà... En témoigne le
fameux évêque
Idace de Chavês, qui nous a laissé une Chronique
et le plus célèbre Paul
Orose, à qui l'on doit une Histoire contre les paiens.
Pendant les 177 ans que dura la domination Suève se dessina une évolution
déterminante pour l'avenir. Faisant de Braga leur capitale et de Portucale
(Porto) leur principale place forte, les Suèves fixèrent entre
le Minho et le Douro le centre de gravité non seulement politique mais
aussi démographique du pays.
Cherchant à agrandir leur domination vers le sud et l'est, en lutte contre
les autres bandes armées barbares, ils sont battus par les Wisigoths
de Wallia en 418 et sont forcés de se cantonner en Galice et au Nord
du Portugal. Braga, Porto, Lugo, Vigo et Orense sont leurs principales places
fortes. En 429, lors du transfert des Vandales en Afrique, ils cherchent à
nouveau à étendre leur territoire mais sont en butte aux pressions
des Wisigoths qui cherchent eux aussi à s'installer dans la péninsule.
Leur roi Rechila aurait réussit à conquérir Mérida
en 439 et Séville en 441.
Son successeur Réchiare cherche à s'allier les Wisigoths et se
marie avec la fille de Théodoric Ier en 449 à Toulouse. En revenant
il pille Saragosse et annexe Llerna. Il fut le premier Roi européen chrétien
à frapper sa propre monnaie. Entre 452 et 455, Réchiaire
va profiter de problème de succession sur le trône wisigoth pour
étendre sa domination sur une grande partie de l’Espagne [Jordanès,
Histoire des Goths, XLIV, 229-230]. Les Wisigoths estiment alors
que c’est une atteinte à Rome et envoient une armée : Les
deux armées s’affrontent en 456 près du rio Orbico(Astorga)
non loin de l’actuelle frontière portugaise. [Jordanès,
Histoire des Goths, XLIV, 232].
La défaite des Suèves les assujettis alors pour un temps au pouvoir
Wisigoth. Leur royaume est divisé en deux : La partie sud est sous influence
wisigothe et est dirigée par Agiulf placé au pouvoir par Théodoric
II. La partie nord reste sous contrôle suève avec Framta. Les deux
royaumes se livreront alors une guerre sans merci jusqu'à leur réunification
en 464 sous l'égide de Rémismond qui prend le titre de Roi de
tous les Suèves. Les Suèves n’auront depuis la défaite
de 456 plus de visée expansionniste mais se contenteront de raids destructeurs
en Lusitanie. En 459 une luttre de pouvoir entre Rémimond et Frumaire
entraîne la destruction quasi-totale de l'antique Aquae Flavia
(Chaves, Portugal). On leur doit aussi la destruction de l'antique cité
romaine de Conimbriga (468). Pendant un temps, leur réputation
de sauvagerie retentit dans toute la péninsule… Ils restent en
conflit permanent avec les Wisigoths qui ont étendu leur empire aux limites
de leur territoire. Les Suèves maîtrisent pourtant mal leur conquêtes
car ils sont plus motivés par l’appât du butin et la recherche
des esclaves que par un désir de coloniser, d’encadrer la population
(contrairement aux Wisigoths…)
Les Suèves et les Wisigoths se battent pour le contrôle de la région du Tràs-Os-Montes (Portugal) et la montagne d’Orense (Espagne). Leur problème politique avec les Wisigoths se résout en une question religieuse ; Les Suèves hésitent sur le choix de leur religion. Mal convertis aux Christianisme en 448 par Rechiarius (50 ans avant Clovis.), ils subissent l’influence directe des Wisigoths et se convertissent à l’arianisme en 466.
Liste des rois suèves
:
* 409 - 438 : Herméric ou Ermaric;
* 438 - 441: Herméric et Rechila (co-règne);
* 441 - 448 : Rechila;
* 448 - 456 : Rechiaire ou Rechiar;
* 456 - 457 : Agiulf (partie sud);
* 456 - 457 : Framta ou Frontan (partie nord);
* 457 - 459 : Maldras;
* 459 - 459 : Rémismond (partie sud);
* 459 - 463 : Frumaire (partie sud);
* 459 - 463 : Réchimond (partie nord);
* 459 - 469 : Rémismond (réunification, roi de tous les Suèves);
* (période méconnue faute de sources)
* Veremund (469-508?)
* Rechila II (484-?)
* Réchiaire II (508-?)
* Hermeneric II (?)
* Riciliano (?)
* Theodemund (520-550)
* 550 - 558 : Cariaric
* 558 - 570 : Théodemir
* 570 - 582 : Ariamir . L'historien Grégoire de Tours le nomme Mir ;
* 582 - 583 : Eboric;
* 583 - 585 : Andeza.
L’ARIANISME
Doctrine d’Arius, prêtre d'Alexandrie au début du IVème
siècle après J.C., qui reconnaissait dans la Trinité 3
substances absolument hétérogènes et distinctes : Seul
le Père est Dieu. Cette doctrine, plus philosophique que religieuse,
héritier des courants de pensée de Paul de Samosate, d'Origène,
mais aussi des théories néo-platoniciennes, est une remise en
cause du dogme catholique et l'accuse donc de polythéisme. Les Wisigoths
furent à l'origine du développement de cette doctrine, avec leur
apôtre national Ulfila, devenu évêque en 341 lors de son
séjour à Constantinople. L’arianisme, en retour, est taxé
d’hérésie par le Concile de Nicée en 325 puis en
381 le concile de Constantinople. D'autres peuples germaniques vont cependant
suivrent l'exemple des Wisigoths et se convertir : Les Burgondes et les Vandales
tout d'abord, puis les Ostrogoths, les Ruges, les Gépides, les Lombards
et enfin les Suèves. Cet engouement de nombreux germains pour la doctrine
hérétique s'explique par plusieurs raisons : d'une part, un goût
pour un monothéisme strict et clair. D'autre part, l'accessibilité
d'une liturgie en langue accessible : On sait qu'Ulfila traduisit le Nouveau
Testament en gothique après avoir doté cette langue d'une
écriture inspirée de l'alphabet grec. Enfin, sans doute, le prestige
d'une religion leur permettant d'affirmer leur particularisme barbare face à
l'orthodoxie chrétienne et romaine. L’arianisme des Suèves
dure 100 ans jusqu’en 550, jusqu’à la reconversion au christianisme,
peut-être après un pèlerinage de Saint Martin de Tours.
Source : Grégoire de Tours (extrait) : dialogue entre un franc catholique et un wisigoth arien