Orose (Paulus Orosius en latin) est né en Galice ou à Braga (vers 390). Il fut nommé prêtre à Braga ; la ville portugaise était en effet l'un des plus grands centre religieux de la région sous l'antiquité romaine. Apeuré par l'arrivée de ce qu'il considère comme des barbares, il fuit alors Braga en 414 pour rejoindre le célèbre Saint Augustin à Hippone (près de Carthage) et lutter avec lui et à sa demande contre les hérésies. Ce dernier l'envoya en Palestine vers 415, pour seconder Saint Jérôme dans son combat contre le pélagianisme. La mission fut toutefois un échec, puisque les évêques orientaux ne condamnèrent pas Pélage.
De retour en Afrique en 414, Saint Augustin lui demande un dossier historique pour compléter les livres I-V de la Cité de Dieu. En effet, dans cet essai, l'évêque d'Hippone cherchait à prouver que le sac de Rome par Alaric en 410 n'était pas la conséquence de l'abandon du paganisme. Il fallait donc prouver que les hommes n'étaient pas plus heureux avant l'époque chrétienne. Paul Orose rédigea alors les Histoires contres les païens, son ouvrage le plus considérable. Il y démontre par des arguments historiques, la thèse que saint Augustin développait philosophiquement dans sa Cité de Dieu.
Mais Orose, s'il conserve l'idée de raconter les malheurs du monde depuis son origine (il commence à Adam) jusqu'à son époque (le livre s'achève en 417), va détourner le projet augustinien en lui donnant trois axes méthodologiques originaux :
* Il intègre l'histoire
des peuples orientaux
* Il associe, conformément au postulat d'Eusèbe de Césarée,
l'histoire de l'Empire romain et celle du christianisme. En effet, comme le
mal serait la conséquence du péché des hommes, plus le
christianisme progresse moins l'homme subit les malheurs de l'histoire.
* Il situe les invasions barbares dans le cadre d'une eschatologie millénariste
fondée sur des parallèles chronologiques entre Babylone, Rome,
Carthage et la Macédoine. D'après son exégèse du
livre de Daniel il reste deux siècle avant la fin du monde.
Pour lui ces deux siècles seront des temps chrétiens (les tempora christiana sont une expression d'Augustin d'Hippone) basés sur la concorde dans le cadre d'une christianisation universelle, notamment des Germains.
Bien que destinataire de la dédicace Augustin d'Hippone ne pouvait approuver l'œuvre d'Orose pour plusieurs raisons :
* Orose confond la cité
terrestre et la cité céleste.
* Il affirme l'existence d'une action providentielle dans l'histoire politique.
* Il associe l'histoire de l'Empire romain à celle du christianisme.
* Il spécule sur la fin du monde.
C'est pourquoi, en 425 dans le livre XVIII de la Cité de Dieu, il réfute les idées historiques d'Orose. Néanmoins il ne le nomma jamais, ce qui laissa penser à un accord entre les deux hommes.
Paul Orose est probablement mort vers 418, alors qu'il tentait de retourner dans la péninsule ibérique.
Orose avait ainsi composé la première histoire universelle chrétienne, depuis la création du monde jusqu'à son temps. Une histoire dont la présence dans toutes les bibliothèques médiévales un peu importantes atteste l'immense succès, en même temps que la durée de l'influence d'un auteur qui a été aussi la source de savants compilateurs, de Cassiodore à Paul Diacre en passant par Isidore de Séville et Bède le Vénérable. L'association de l'idée d'une providence liée à la monarchie impériale connut par ailleurs un grand succès au Moyen Âge.