LES VESTIGES DE LA PERIODE MUSULMANE

 

Le cas de l'art islamique sur les terres de l'ancien Gharb al-Andalus connu aujourd'hui sous le nom du Portugal, cet extrême Couchant, est tout à fait particulier. Car à première vue, les huit siècles de présence musulmane n'ont pas laissé de traces monumentales aussi patentes ou aussi "spectaculaires" que dans la proche Andalousie ou sur les autres terres islamisées de la péninsule Ibérique.

Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène. Certains sont d'ordre purement matériel : on sait les ravages causés par les tremblements de terre sur l'urbanisme et l'architecture. D'autres, plus significatifs d'un point de vue comparatif, tiennent à l'histoire, et s'avèrent fertiles en enseignements. En effet, contrairement à certains mythes savamment entretenus, c'est précisément parce que le formidable développement des routes maritimes avait déjà largement ouvert la région au commerce des biens et des idées que la civilisation musulmane n'a pas eu à s'imposer par la force de l'épée, mais a pu s'insérer presque en douceur dans les pratiques et les modes de vie autochtones. Dès lors, le recours à la force et à l'ostentation se fait moins pressant, et c'est dans une symbiose avec l'architecture locale que s'exprime l'art islamique en Gharb al-Andalus.
D'autre part, la région étant plutôt excentrée par rapport aux centres politiques de Cordoue et Séville entre le VIIe et le XIIIe siècle, elle ne fit pas l'objet de grands programmes religieux ou palatins : aussi le paysage architectural a-t-il évolué par contaminations mutuelles, et non sous le coup de violents rapports de force.

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Porto de mos

Le chateau de Porto de Mos, construit par les maures, a été remanié par les chrétiens qui voulurent en faire un palais. Il a récemment été restauré par l'Etat du Portugal.

Ourém

 

Tomar

 

Marvão

 

 

Coimbra

L'arco de Almedina - Coimbra

L'arco de Almedina menant à la ville haute et à l'université (medina signifie ville en arabe). Vestige du passé arabe de la ville, datant du XIIème siècle, elle montre comment l'art musulman s'est intégré ici à l'architecture portugaise. Au temps des Maures, cette porte fortifiée servait d'entrée principale à la ville, protégée par une enceinte

 

 

Silves

Azulejo d'une maison de Silves en mémoire du poème d'al Mu'tamid 'evocação de Silves'

Silves a eu son heure de gloire lors de la domination arabe. Elle fut un important pôle politique et culturel du al-Gharb al-Andalus durant les XIème et XIIème siècle. L'un des princes arabes règnant à Silves, al Mu'tamid (né à Beja, XIème siècle) était prince et poète à la fois. Il fut également l'ami du grand poète Abu Bakr Muhammad ibn 'Ammar, né aux environs de Silves. Ibn Qasi aura aussi marqué Silves au XIIème siècle ; il fut aussi bien leader politique, militaire et religieux, que poète et philosophe mystique. Il meurt à Silves en 1151. Maryam Al-Ansari fut une femme musulmane de Silves remarquable : elle s'imposa par ses poèmes et enseigna la littérature aux femmes musulmanes de la région. Jusqu'à ces dernières heures musulmane, Silves restera brillante ; Ainsi l'historien al-Hamawî dit des habitants de Silves : "Très peu d'entre ne pratiquent la poésie et n'ont point de culture..." (Dictionnaire géographique, 1229)

 

 

Djhaidgh, 2006,