LES COMPTOIRS PHENICIENS


Dès le premier millénaire avant J.C., les Phéniciens, les Carthaginois et les Grecs établirent des comptoirs sur les côtes espagnoles et portugaises. Ce qui donnera à la civilisation locale une influence plus orientaliste. L'influence de l'Europe du Centre est ainsi quasiment nulle. Dès lors, deux formes de peuplement semblent y coexister : D'une part, un peuplement à l'intérieur des terres, proprement ibérique, que viendra renforcer plus tard une vague celte. D'autre part, une colonisation extérieure, venue d'Orient par voie maritime, et ne peuplant que des 'comptoirs' sur les côtes, plus rarement à l'intérieur des terres.

Les premiers pas
Les Phéniciens
poussent leurs explorations ultra-marines jusqu'à l'extrême occident méditerranéen dès le Xème siècle av JC. Il semble que la recherche des métaux en fut l'une des causes principales, mais nous n'avons là-dessus que de vagues références. La Bible mentionne les importantes ressources en argent, or, fer et étain de la région et les découvertes archéologiques ne la contredit pas.
Les vestiges phéniciens les plus anciens de la péninsule ibérique remontent au VIIIème siècle. Les indigènes commercent avec et leur apportent argent, fer, plomb et étain.
On évoque souvent comme raison de la colonisation phénicienne en extrême-occident, la pression assyrienne depuis Tiglat-Pileser III (754-727), affectant sérieusement les terres cultivables de l'intérieur. La nécessité de trouver des terres cultivables aurait amené les Phéniciens jusqu'aux abords de la péninsule ibérique.
Les comptoirs
GADIR, située sur la côte atlantique Sud après les colonnes d'Heraklès, semble avoir été la première fondation phénicienne sur les terres andalouses (800-775). Presque immédiatement après apparaissent de nombreuses petits noyaux d'implatation phéniciens sur la côte méditerranéene de la péninsule. Ces centres se fondent sur des sols vierges et aux environs peu habités, ce qui contraste avec la zone de GADIR et explique peut-être le relatif isolement de celle-ci. D'autres tentatives de colonisation sont aussi faites, avec succès au Portugal, comme en témoigne le site d'Abul (voir ci-dessous)
Les colonies phéniciennes occupent, dans leur meilleure période, une superficie de 12 à 15 ha, peuplée de 1 000 à 1 500 habitants. Leur situation géographique est généralement choisie comme port, proche d'un fleuve ou d'une rivière qui autorise la communication avec les peuplades de l'intérieur. La ville, faite de rues étroites et de maisons de plan rectangulaire, est protégée par un système de fortifications comptant un fossé et un mur maçonné.
Au Portugal, on recense une dizaine d'établissement de fondation phénicienne (2) ou indigène (3), ayant eu des contacts étroits avec le monde phénicien. Un seul (1) est sans conteste de fondation phénicienne. Il s'agit du site d'Abul, proche d'Alcacer do Sal.

1.Abul

2.Santa Olaia?
Lisbonne?
Rocha Branca?

3.Conimbriga?
Santarèm?
Cacilhas?
Setùbal?
Castelo d'Alcacer do Sal?
Castro Marim?

Site phénicien d'Abul (Alcacer do Sal) : mur de clôture sud.

Le site d'Abul semble dater du VIIème siècle avant JC. Les fouilles archéologiques permettent d'affirmer qu'il s'agissait d'un établissement commercial assez prospère. On distingue une deuxième phase de construction qui montre un désir très net de s'agrandir. Les constructions romaines (fours) semblent avoir respecté les constructions phéniciennes en construisant autour et montrent la perennité du site à travers l'antiquité.
Phénomène d'acculturation
Durant la seconde moitié du VIIIème siècle s'observe un lent processus d'acculturation par lequel fut adopté les plans d'urbanismes phéniciennes ainsi que certaines techniques artisanales. A GADIR arrivent de nombreux artisans orientaux qui apportent leur connaissance en matière de travail des métaux comme le bronze, l'or, l'argent ainsi que l'ivoire. Dès le VIIème siècle se développe considérablement l'orfèvrerie, créant de nombreux objets d'or, des diadèmes, pendentifs, anneaux, broches, etc.
L'introduction de divinités et cultes phéniciens commencent aussi peu à peu. La découverte de figures de bronze représentant des divinités orientales au bord du Guadalquivir confirme l'acceptation de ce culte dans les zones indigènes fréquentées par les phéniciens.
L'écriture fait son apparition ( cf. page sur les lusitains
).